Imaginez ne pas pouvoir compter sur l’électricité chez vous. C’est le quotidien des 25 000 habitants d’un quartier pauvre du nord de Grenade, en Espagne. Des coupures de courant intempestives, parfois plusieurs fois par jour, perturbent leur vie depuis plus d’une décennie.
Mais depuis quelques années, ces pannes électriques se sont aggravées, provoquant la colère des habitants. Le géant espagnol de l’électricité Endesa pointe du doigt un coupable inattendu : la multiplication des cultures illégales de marijuana connectées illégalement au réseau électrique.
Des accusations qui ne passent pas auprès des riverains.
“On ne peut pas se contenter d’accuser le cannabis et de dire que c’est lui le responsable”, s’insurge Ángel Ortiz Rodríguez, un habitant sous assistance respiratoire dépendant de l’électricité.
Comme lui, de nombreux résidents estiment que c’est une excuse facile pour ne pas rénover un réseau électrique défaillant depuis des années.
Pourtant, Endesa affirme que le nombre de coupures a triplé depuis 2017, imputable selon eux aux cultures indoor de marijuana qui consomment beaucoup d’énergie pour l’éclairage et la climatisation. Rien que dans ce quartier, un tiers des vols d’électricité en 2021 alimentaient des fermes illégales d’après le fournisseur.
La police reconnaît une hausse des fermes clandestines, facilitée par une législation ambiguë sur le cannabis.
L’Espagne autorise la culture et la consommation personnelle en petites quantités. Les peines sont aussi relativement légères pour les trafiquants, conduisant certains à se lancer dans cette voie. Le nombre de plants saisis a triplé à Grenade en 2021.
Mais pour les habitants, le cannabis ne peut pas porter seul la responsabilité des coupures. “Des gens meurent ici parce qu’ils n’ont pas la lumière. On ne peut pas juste pointer le doigt sur la marijuana”, déplore le médiateur de la ville. Le débat fait rage, chacun se renvoyant la balle pour éviter de financer la rénovation coûteuse du réseau.
Des conséquences dramatiques sur la santé et la vie quotidienne
Entre les lignes électriques fatiguées, les surcharges et les soudures sauvages, ce quartier cumule les difficultés. Résultat : les coupures d’électricité y sont quasiment quotidiennes, parfois plus de 10h d’affilée.
- Pour les malades sous assistance respiratoire ou équipements médicaux, c’est la survie qui est en jeu. Le Dr García Caballos témoigne : “Les patients diabétiques ne peuvent parfois pas faire leur insulinothérapie.”
- La nourriture pourrit dans les réfrigérateurs. Les téléphones portables finissent à plat. Les risques d’accidents augmentent, y compris mortels.
Bref, quand l’électricité saute, c’est la vie de ces habitants qui est mise entre parenthèses. Las d’être ignorés, plusieurs ont porté plainte contre Endesa pour non-respect de leur droit à la santé. Quelle que soit l’issue, le fossé se creuse entre le fournisseur et les riverains de ce quartier déshérité.
Questions fréquentes
Le cannabis est-il vraiment la principale cause des coupures ?
Les avis divergent. Le fournisseur d’électricité accuse majoritairement les cultures illégales mais les habitants évoquent aussi un réseau défaillant depuis longtemps.
Quelles sont les conséquences sur la santé ?
De graves complications pour les personnes sous équipements médicaux. Augmentation des risques d’accidents, d’intoxications alimentaires et même de décès.
Le réseau va-t-il être rénové rapidement ?
Les travaux se font attendre, le fournisseur et les autorités rejetant la responsabilité l’un sur l’autre. Les habitants se sentent abandonnés.
La légalisation résoudrait-elle le problème ?
Elle permettrait un meilleur contrôle des cultures et de leur consommation électrique. Mais le réseau a aussi besoin d’investissements de maintenance.
Les habitants obtiendront-ils réparation ?
Leur plainte est en cours d’examen. Même en cas de condamnation du fournisseur, la solution prendra du temps dans ce quartier délaissé.